Répit à domicile pour les aidants : comment ça marche ?

Le droit au répit a été instauré par la loi relative à l'adaptation de la société au vieillissement pour permettre aux aidants familiaux de personnes âgées en perte d'autonomie de souffler et de prendre du temps pour eux. Face à la fatigue physique et psychologique que peut entraîner l'aide quotidienne apportée à un proche dépendant, il est en effet essentiel que les aidants puissent bénéficier de solutions de relais et de soutien à domicile. Zoom sur les différentes formes que peut prendre le répit à domicile et les démarches pour y avoir accès.

Qu'est-ce que le droit au répit pour les aidants ?

Depuis la loi du 28 décembre 2015, tout proche aidant qui assure une présence ou une aide indispensable au maintien à domicile d'une personne âgée et qui ne peut être remplacé par un membre de son entourage, a droit à un "temps de répit". Ce droit vise à permettre à l'aidant de faire une pause, prendre du temps pour lui et ainsi prévenir les risques d'épuisement.

Le droit au répit s'adresse aux aidants familiaux de personnes âgées de 60 ans et plus, en perte d'autonomie, qui bénéficient de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA). Il prévoit la possibilité de demander un soutien et une solution d'accueil temporaire pour le proche aidé : en établissement, en accueil de jour, en séjour de répit, etc. Le coût est en partie financé dans le cadre du plan d'aide APA.

Les différentes formes de répit à domicile

Plusieurs dispositifs existent pour relayer l'aidant et lui permettre de souffler, tout en maintenant le proche aidé dans son environnement habituel :

Le baluchonnage consiste à faire intervenir ponctuellement un ou plusieurs professionnels au domicile pour remplacer l'aidant et prendre soin de la personne âgée 24h/24. Appelé aussi "relayage", ce service s'adapte aux besoins, sur une durée courte ou plus longue.

Des services de répit à domicile spécialisés, comme "Bulle d'air", peuvent assurer une présence de jour comme de nuit auprès de la personne aidée pour soulager l'aidant. L'intervention est assurée par des professionnels formés et peut être ponctuelle ou régulière.

Une aide à domicile la nuit peut aussi être organisée via des services de soins infirmiers ou d'aide à la personne, pour veiller sur le proche dépendant, l'aider au coucher/lever et permettre à l'aidant de se reposer.

Enfin, l'aidant peut bénéficier de temps de répit en journée grâce à l'accueil de son proche dans une structure type accueil de jour pour personne âgée ou hébergement temporaire. La personne aidée est alors prise en charge par une équipe de professionnels à l'extérieur.

Les bénéfices du répit à domicile pour l'aidant et l'aidé

Le répit à domicile présente de nombreux avantages à la fois pour l'aidant familial et pour son proche en perte d'autonomie :

• Il offre à l'aidant un temps de repos et de ressourcement pour prendre soin de lui, voir ses proches, vaquer à ses occupations. Cela permet de réduire la fatigue et le stress.
• Il aide l'aidant à mieux concilier son rôle avec sa vie personnelle et professionnelle, en lui libérant du temps au quotidien.
• La personne aidée bénéficie quant à elle d'activités adaptées et stimulantes avec les intervenants extérieurs, tout en restant dans son cadre de vie habituel.
• En soulageant l'aidant, le répit favorise une meilleure relation aidant-aidé et prévient les risques d'épuisement pouvant conduire à de la maltraitance.

Les démarches pour bénéficier d'un répit à domicile

Pour mettre en place une solution de répit à domicile, l'aidant peut s'adresser à différents interlocuteurs :

• La Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) pour solliciter une notification de la CDAPH permettant l'accueil temporaire du proche.
• Le Centre Communal d'Action Sociale (CCAS) de sa commune pour être informé et accompagné dans ses démarches.
• Le Centre Local d'Information et de Coordination (CLIC) pour un accompagnement de proximité des personnes âgées et de leurs aidants.
• Directement les services prestataires de répit à domicile qui proposeront une évaluation des besoins.

Une visite à domicile est en général organisée pour comprendre la situation et proposer la solution la plus adaptée.

Les aides financières pour le répit des aidants

Différentes aides peuvent être mobilisées pour financer le répit à domicile des aidants :

• L'allocation journalière du proche aidant (AJPA) permet aux aidants qui réduisent ou cessent leur activité professionnelle de compenser leur perte de revenus.
• Le plan d'aide APA peut être majoré jusqu'à 500€ par an pour contribuer au financement d'une solution de répit.
• La prestation de compensation du handicap (PCH) et l'allocation d'éducation de l'enfant handicapé (AEEH) intègrent aussi la possibilité de financer du répit.
• Un crédit d'impôt de 50% est accordé sur la rémunération d'une aide à domicile employée pour du répit, dans la limite d'un plafond annuel.

Des aides extra-légales peuvent aussi être sollicitées auprès de la caisse de retraite, de la mutuelle ou du CCAS.

Témoignages d'aidants ayant bénéficié d'un répit à domicile

Denise, 74 ans, qui s'occupe de son mari atteint d'Alzheimer, bénéficie du baluchonnage une semaine par mois : "Cette semaine où un professionnel vit à la maison pour s'occuper de mon mari me permet de souffler. Je peux voir mes enfants, me reposer, tout en sachant qu'il est entre de bonnes mains. C'est un vrai droit à la déconnexion."

Paul, aidant de sa mère de 82 ans, fait appel à un service de répit trois après-midis par semaine : "Savoir que quelqu'un prend le relais auprès de ma mère me permet d'aller travailler l'esprit tranquille. Je sais qu'elle apprécie aussi beaucoup la compagnie et les activités proposées par son auxiliaire de vie."

Pour Françoise qui aide son fils lourdement handicapé, "la présence de l'aide de nuit a changé la vie. Je peux enfin dormir sur mes deux oreilles et récupérer. La fatigue accumulée me rendait irritable et moins patiente avec mon fils. Ces temps de répit nous font du bien à tous les deux !"

Ces témoignages illustrent l'importance pour les aidants de savoir passer le relais et de ne pas hésiter à se faire aider, pour préserver leur propre santé et leur relation avec leur proche. N'attendez pas d'être épuisé, parlez-en à votre entourage et aux professionnels.