Toujours en discussion au Parlement, la réforme des retraites souhaitée par le Président Emmanuel Macron fait craindre une baisse du nombre de bénévoles dans les associations. Certaines d’entre elles alertent d’ores et déjà sur les répercussions de la réforme dans un secteur du bénévolat qui manque de monde depuis la pandémie.
Pourquoi la réforme des retraites pourrait-elle faire baisser le nombre de bénévoles ?
Le projet de loi sur la réforme des retraites, porté par le gouvernement de la Première ministre Élisabeth Borne, prévoit notamment le report de l’âge légal de départ à 64 ans. Certaines associations craignent que cette mesure ne fasse baisser le nombre de bénévoles parmi les seniors. C’est le cas notamment des Petits Frères des Pauvres qui dénoncent également une réforme ne soutenant pas l’emploi des salariés âgés.
Le report de l’âge légal de départ à 64 ans, inclus dans la réforme des retraites, pourrait avoir deux répercussions :
- les retraités seront disponibles moins tôt après leur vie professionnelle pour faire de l’associatif ;
- une retraite plus tardive devrait engendrer des néo-retraités plus fatigués et en moins bonne santé, et qui pourraient donc être moins enclins à consacrer du temps à des associations.
L’association Les Petits Frères des Pauvres indique que 14 % de ses bénévoles réguliers et 15 % des nouveaux bénévoles sont âgés de 60 à 65 ans. Elle précise également que les retraités, du fait de leur expérience et de leur capacité de conseil, forment une base prépondérante de l’activité, un travail qu’il est difficile de remplacer par le bénévolat de volontaires plus jeunes.
Où en est le bénévolat en France ?
Cette crainte d’une baisse des bénévoles seniors, dans le cas où la réforme du système de retraite serait adoptée, s’inscrit dans une période déjà difficile pour les associations. En effet, d’après l’étude France Bénévolat réalisée en 2022 par l’IFOP, le tissu associatif français a perdu deux millions de bénévoles entre 2019 et 2022 en raison de la pandémie de Covid-19. Alors que cette dernière avait d’abord provoqué l’afflux de néo-volontaires, les effectifs bénévoles sont passés de 13 à 11 millions en trois ans, certains nouveaux venus ayant arrêté rapidement et les populations les plus vulnérables ayant parfois logiquement souhaité se protéger.
Parmi ces personnes fragiles, des seniors se sont mis en retrait, puisque seulement 26 % d’entre eux étaient engagés dans une association en 2022 contre 31 % en 2019. Cette tendance n’est cependant pas du seul fait de la pandémie, puisqu’en 2010, le taux d’engagement des personnes âgées dans les associations était de 38 %. Discuté au Sénat après la fin des débats mi-février à l’Assemblée nationale, le texte de loi de la réforme des retraites fait désormais craindre un désengagement encore plus grand des seniors.
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