Alertant depuis de nombreuses années sur la solitude et l’exclusion de certains seniors en France, l’association Les Petits Frères des Pauvres a recensé le nombre de morts solitaires chez les personnes âgées en 2022. Réalisée en l’absence de statistiques officielles, cette enquête souhaite ouvrir les yeux sur un sujet de société peu mis en lumière.
Qu’appelle-t-on les « morts solitaires » ?
Les morts solitaires désignent les personnes décédées chez elles sans que personne ne s’en rende compte avant des semaines, des mois, voire des années. Il s’agit la plupart du temps de seniors. En expansion au Japon où il est nommé « Kodokushi », ce phénomène de société inquiète l’association Les Petits Frères des pauvres qui le juge sous-estimé en France.
Alors que les pouvoirs publics ne publient pas de statistiques officielles sur cet enjeu social, l’association luttant contre l’isolement et la solitude des personnes âgées a mené une enquête en prenant pour source les titres de presse ayant relaté les différents cas de ces seniors.
Combien y a-t-il de morts solitaires en France ?
Dans son bilan publié en début d’année, l’association Les Petits Frères des Pauvres indique avoir recensé, en 2022 dans les médias, quatorze morts solitaires de personnes âgées de 62 à 93 ans. Parmi elles, on trouve :
- huit hommes et six femmes ;
- onze personnes âgées vivant en appartement ;
- une majorité de personnes pas ou peu identifiées par les services sociaux, parfois car elles refusaient l’aide sociale.
Le mort solitaire retrouvé le plus tardivement est une femme de 75 ans découverte le 31 décembre, trois ans après son décès. En janvier 2020, un homme de 71 ans avait été retrouvé, dans son appartement à Nîmes, cinq ans après son décès.
Quels sont les facteurs de ces morts solitaires ?
Les Petits Frères des Pauvres estiment que le nombre de morts solitaires est probablement beaucoup plus grand que 14, d’autant que son Baromètre « Solitude et isolement quand on a plus de 60 ans en France » réalisé en 2021 par l’Institut CSA Research indique que 530 000 seniors sont dans une situation d’isolement extrême.
Parmi ces personnes âgées en situation de mort sociale, on trouve des personnes coupées des trois cercles sociaux principaux, à savoir les cercles amicaux, familiaux et de voisinage, en raison de quatre facteurs principaux mis en avant par le Baromètre :
- les deuils ;
- les déménagements (voir notre article sur l’aide au déménagement retraité ARRCO ;
- l’évolution du quartier du domicile ;
- la faible sociabilité entre voisins.
Pour éviter le drame d’une mort solitaire, Les Petits Frères des Pauvres appellent à la vigilance de chaque citoyen (famille, voisin, professionnels, etc.), ainsi qu’à une meilleure coordination des services publics pour repérer les situations d’isolement.
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