Avec l'âge, les problèmes de santé s'accumulent et la prise de médicaments devient un enjeu quotidien pour de nombreux seniors. En France, plus de la moitié des personnes âgées de 65 ans et plus affirment vouloir réduire leur consommation de médicaments, selon une enquête menée par les entreprises du médicament (LEEM). Cette volonté de "sobriété médicamenteuse" s'explique par les risques liés à la polymédication chez les aînés, un véritable problème de santé publique. Mais diminuer le nombre de traitements n'est pas si simple et nécessite un accompagnement médical adapté.
La surconsommation médicamenteuse chez les seniors : un enjeu de santé publique
La polymédication, c'est-à-dire la prise simultanée de plusieurs médicaments, est très fréquente chez les personnes âgées, avec un risque de surmédication. Après 65 ans, 57% des seniors prennent au moins 5 médicaments différents par jour. Ce phénomène s'explique par la prévalence des maladies chroniques avec l'avancée en âge : hypertension, diabète, troubles cardiovasculaires, douleurs, etc. Cependant, cette consommation élevée de médicaments n'est pas sans conséquence.
Les interactions médicamenteuses et les effets indésirables augmentent avec le nombre de traitements pris. La iatrogénie médicamenteuse serait responsable chaque année de 130 000 hospitalisations et de 10 000 décès prématurés chez les plus de 65 ans. Au-delà des risques pour la santé, la polymédication a également un coût élevé pour le système de santé. Réduire le nombre de médicaments inappropriés ou superflus chez les seniors est donc devenu un véritable enjeu de société.
Les risques liés à la polymédication chez les personnes âgées
Avec le vieillissement, l'organisme devient plus sensible aux effets des médicaments : certains médicaments sont même dangereux pour les seniors. Le foie et les reins fonctionnent moins bien, ce qui ralentit l'élimination des molécules. Par ailleurs, les réserves en eau diminuent, augmentant la concentration des principes actifs dans le sang. Tous ces changements physiologiques majorent les risques d'effets secondaires.
La polymédication accroît également le risque d'interactions médicamenteuses, lorsque plusieurs substances agissent les unes sur les autres. Ces interactions peuvent annuler l'effet d'un traitement, le potentialiser de façon excessive ou encore provoquer de nouveaux effets indésirables. Confusion, somnolence, chutes chez la personne âgée, troubles digestifs... Les conséquences peuvent être graves chez une personne âgée fragile.
Enfin, la complexité des traitements multiples peut engendrer des erreurs dans la prise des médicaments : oublis, doublons, mauvais dosages... Ces problèmes d'observance sont fréquents chez les seniors et diminuent l'efficacité des traitements, tout en augmentant les risques.
Les raisons de la surconsommation médicamenteuse chez les seniors
Plusieurs facteurs expliquent la forte consommation de médicaments chez les personnes âgées :
- Le vieillissement s'accompagne de multiples pathologies chroniques nécessitant souvent plusieurs traitements au long cours.
- La multiplication des prescripteurs (médecin traitant, spécialistes, hospitaliers...) favorise les redondances et les interactions médicamenteuses.
- Les personnes âgées sont souvent exclues des essais cliniques. Les effets des médicaments sont donc moins bien connus pour cette population.
- L'automédication pour soulager des symptômes bénins (douleurs, troubles du sommeil...) s'ajoute aux traitements prescrits.
- La pression des patients et des familles pour obtenir des médicaments "qui soulagent" incite parfois les médecins à prescrire plus que nécessaire.
Sans remettre en cause le bien-fondé des traitements, il est important de réévaluer régulièrement leur pertinence chez la personne âgée. Une partie de la surconsommation médicamenteuse pourrait être évitée avec davantage de prévention, de communication et de coordination entre les acteurs de santé.
Les initiatives pour réduire la consommation de médicaments chez les personnes âgées
Face à ce problème de santé publique, les pouvoirs publics et les professionnels se mobilisent. En 2018, un avenant à la convention médicale a mis en place le "bilan partagé de médication" pour les patients âgés polymédiqués. Réalisé par le pharmacien, en lien avec le médecin traitant, ce bilan permet d'analyser l'ensemble des traitements, de détecter les interactions dangereuses et de proposer des ajustements.
De leur côté, les entreprises du médicament ont lancé en 2022 une campagne de sensibilisation intitulée "Les médicaments, pas n'importe comment !" à destination des seniors. Le message : "Au-delà de 5 médicaments par jour, surtout après 65 ans, demandez à votre médecin ou à votre pharmacien si vous pouvez en prendre moins". L'objectif est d'encourager le dialogue entre patients et soignants sur le bon usage du médicament.
Des initiatives plus locales voient aussi le jour. Certains EHPAD forment leur personnel à la conciliation médicamenteuse et mettent en place des réunions pluridisciplinaires pour optimiser les traitements. Des programmes de déprescription accompagnée se développent également en ville, notamment via les CPTS (communautés professionnelles territoriales de santé).
Recommandations pour un bon usage des médicaments chez les seniors
Quelques conseils simples permettent de limiter les risques liés aux médicaments après 65 ans :
- Faire régulièrement le point avec son médecin traitant sur l'ensemble des médicaments pris, y compris en automédication.
- Demander des explications claires sur les indications, les posologies et les principaux effets secondaires à surveiller.
- Signaler tout nouveau symptôme qui pourrait être lié à un médicament : fatigue, chutes des personnes âgées, troubles digestifs des seniors...
- Privilégier une pharmacie habituelle qui pourra repérer d'éventuelles interactions.
- Utiliser un pilulier pour ne pas se tromper dans la prise des médicaments.
- Ne jamais modifier un traitement sans avis médical, même en cas d'amélioration des symptômes.
La clé est une bonne communication entre le patient, le médecin et le pharmacien. N'hésitez pas à poser des questions et à exprimer vos difficultés ou réticences vis-à-vis d'un traitement. Votre ressenti est précieux pour adapter au mieux votre prise en charge.
Le rôle des professionnels de santé dans la réduction de la consommation médicamenteuse
Médecins, pharmaciens, infirmiers... Tous les soignants qui interviennent auprès des personnes âgées ont un rôle à jouer pour optimiser la prise en charge médicamenteuse. Cela passe d'abord par une bonne formation sur les spécificités de la prescription chez les seniors. Les médecins sont incités à "prescrire mieux plutôt que plus" en hiérarchisant les priorités de traitement.
La coordination et le partage d'informations entre professionnels est essentielle. Le pharmacien joue un rôle clé en analysant l'ensemble des ordonnances et en détectant d'éventuelles redondances ou interactions. Il peut aussi proposer des alternatives galéniques plus adaptées. L'infirmier assure quant à lui un suivi rapproché du patient et repère les signes d'alerte.
Enfin, l'éducation thérapeutique doit être renforcée auprès des patients âgés et de leur entourage. Mieux informés, ils pourront devenir acteurs de leur prise en charge et développer des compétences pour gérer leur traitement au quotidien. Un accompagnement par les soignants est souvent nécessaire pour maintenir la motivation sur le long terme.
Les bénéfices d'une consommation raisonnée de médicaments pour les seniors et la société
Réduire la consommation inappropriée de médicaments chez les personnes âgées est un défi majeur mais les bénéfices à en attendre sont multiples :
- Pour les patients : moins d'effets indésirables, une meilleure qualité de vie, une simplification du traitement qui favorise l'observance.
- Pour le système de santé : moins d'hospitalisations et de coûts liés à la iatrogénie médicamenteuse.
- Pour les soignants : une prise en charge plus efficiente et plus satisfaisante.
- Pour la société : la préservation de l'autonomie des seniors le plus longtemps possible.
Tendre vers une prescription minimale efficace doit devenir une priorité de santé publique. Cela nécessite une prise de conscience collective et un changement de paradigme. Les médicaments restent des outils précieux mais ils ne peuvent constituer la seule réponse au vieillissement. Une approche plus globale du "bien vieillir", intégrant prévention, dépistage et soins de support, est nécessaire en complément.
La volonté d'une majorité de seniors de réduire leur consommation médicamenteuse doit être entendue et accompagnée. Par le dialogue, la formation et la coopération de tous les acteurs, il est possible de relever ce défi pour le bénéfice de tous. Le chemin est encore long mais les initiatives récentes vont dans le bon sens et doivent être amplifiées. Un vieillissement en bonne santé passe aussi par un usage raisonné du médicament !
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