"Les Vieux du monde entier" : Article d'Oldyssey, qu'Europ Assistance soutient dans le cadre de son tour du monde pour découvrir des initiatives décalées ainsi que des lieux de vie innovants qui promeuvent les liens intergénérationnels et le bien-être des personnes âgées.
Vivre chez soi, autonome et indépendant, tel est le souhait de la plupart des personnes âgées. A la question "Face aux problèmes posés par l’allongement de la durée de la vie et l’augmentation du nombre de personnes âgées et dépendantes, sur quoi faut-il en priorité mettre les moyens aujourd’hui ? », 83% des Français interrogés pensent que le maintien à domicile des personne âgées est une priorité (1). Au fil de son voyage, l'équipe de la saison 2 des "Vieux du monde entier" de l'association OLDYSSEY a pris connaissance de différentes manières d'aborder le maintien à domicile dans les pays parcourus. Certaines approches invitent à repenser la nôtre.
L'aménagement du domicile est la condition sine qua non pour maintenir les personnes âgées chez elles le plus longtemps possible. Pour autant, cela ne signifie pas forcément que cet aménagement doit résulter d'une démarche individuelle et singulière. Dans le monde, des acteurs sont spécifiquement positionnés pour créer des structures adaptées et assurer ainsi le maintien des personnes âgées à domicile le plus longtemps possible. Les chutes sont la cause de plus de 80% des accidents de la vie courante pour les plus de 65 ans (2). L'aménagement du domicile permet de prévenir ce type de risque lié à la perte d'autonomie. Cependant, qui dit aménagement du domicile dit coût économique. Un tel investissement est hors de portée pour beaucoup. A titre d'exemple la mise en place d'une douche sécuritaire sans marche à enjamber coûte entre 1 500 et 5 000 € (3).
Au cours de son périple, OLDYSSEY a constaté que l’investissement peut être endossé par un tiers - le plus souvent l'Etat ou une entreprise privée - et non que par un particulier. L'avantage d'externaliser l'aménagement du domicile est de mutualiser les coûts ainsi que les services proposés aux seniors.
Certaines régions du monde parient sur l'innovation pour favoriser le maintien à domicile des personnes âgées. A Séoul, OLDYSSEY s'est rendu au Korea Senior Living Lab. Il s'agit d'un centre de recherche à destination du troisième âge où universités, entreprises privées et citoyens sont mobilisés pour répondre aux besoins quotidiens des personnes âgées. Toutes les pièces de la maison sont passées au crible. Des couverts, aux fauteuils, en passant par les toilettes, les innovations les plus minimes sont mises en place et permettent aux personnes âgées d'évoluer sereinement et en sécurité chez elles. Le Korea Senior Living Lab est un véritable salon d'exposition ouvert à tous. Chacun est encouragé à s'approprier les innovations et les mettre à disposition des aînés.
Similairement, en Norvège, il existe la "Alma House". L'objectif de cette maison est de mettre en avant le futur chez soi d'une personne atteinte de démence. Les personnes atteintes de troubles de la démence s'y rendent et peuvent essayer des outils expérimentaux conçus pour les aider à rester indépendants. De nouveau, la technologie et les objets connectés viennent servir le quotidien des aînés. La Norvège affiche une politique encourageant activement le maintien à domicile de ses citoyens. Le pays nordique a fait le choix d'apporter une aide économique pour l'achat d'appareils électroniques innovants pour permettent aux personnes âgées et aux personnes handicapées de vivre plus facilement à domicile.
Un autre modèle a retenu l'attention d'OLDYSSEY lors de leur passage en Nouvelle-Zélande. Il s'agit des "retirement villages" - autrement dit "villages pour retraités". Venus des pays anglo-saxons, ils sont particulièrement adaptés au maintien à domicile de ses résidents. Les « villages pour retraités » sont de plus en plus courants. Près de 20% des personnes âgées optent pour ce type de structure contre 3% il y a 20 ans en Nouvelle-Zélande (4). Tout est pensé pour que les personnes âgées poursuivent une vie autonome et libre aussi longtemps que possible. Chaque résidence a été conçue pour s'adapter à la mobilité des personnes âgées : pas de tapis, pas de marche, beaucoup de rampes. Le design de ces logements est universel, accessible à tous et surtout aux personnes à mobilité réduite. En fonction de leur niveau d'autonomie et de l'évolution de la santé des résidents, il est possible de passer à des unités plus ou moins équipées.
La transition et l'accompagnement dans ces nouveaux types de résidence se fait en douceur, il s'agit d'un des principaux avantages. Bien souvent, un événement inattendu, le plus souvent une chute, entraîne d'un coup une perte d'autonomie. Les familles et les personnes âgées doivent agir et le placement en maison de retraite se présente souvent comme la solution la plus rapide. Dans le cas des "villages pour retraités", accessibles au plus de 65 ans, les personnes âgées prennent eux-même la décision d'emménager alors qu'ils sont encore bien portants. Leur choix est éclairé, préparé et réfléchi. OLDYSSEY a rencontré une poignée de résidents de ces villages en Nouvelle Zélande. Ils ne tarissent pas d'éloges sur leur choix et sur la qualité de leur vie, sans peur de chute ni de dégradation brusque de leurs conditions physiques. Leur liberté et dignité sont conservées.
Ils sont aussi enthousiastes sur leur vie sociale animée. Bien que le maintien à domicile soit en général préféré en France, un des risques fréquemment mentionnés est l'isolement social qui l'accompagne. Dans le cas des "villages pour retraités", tout est fait pour inciter les résidents à prendre des initiatives et à organiser leurs activités. Une spécialiste du vieillissement néo-zélandaise prend l'exemple d'une de ses proches et raconte : "ma belle-mère est allée vivre dans un de ces villages. Avant, elle vivait seule, isolée, elle était très anxieuse. Maintenant, elle dirige un groupe de broderie, elle danse, elle participe aux “verres” du vendredi, elle a beaucoup d’amis, elle va mieux, elle est beaucoup plus confiante". La qualité de la vie sociale participe à maintenir les seniors dynamiques, épanouis et autonomes avec une incidence directe sur leur santé et leur capacité à être maintenus à domicile.
A Singapour, le complexe immobilier Kampung Admiralty a aussi pour ambition le maintien à domicile de ses résidents le plus longtemps possible. Non seulement les logements et les lieux communs respectent les règles du design universel, mais tout est fait pour encourager chacun à avoir une vie sociale riche et épanouissante. Ici ce n'est pas une entreprise privée mais l'Etat qui met à disposition des seniors les aménagements nécessaires pour leur quotidien. Il s'agit de logements sociaux accessibles aux personnes sous conditions d'âge et de revenus. La politique du gouvernement singapourien vis à vis du vieillissement est clairement affichée : l'objectif est de vieillir en place, chez soi. L'Etat a conscience que cela n'est possible qu'avec le soutien et l'entraide de la communauté avoisinante.
Retrouvez la vidéo d'OLDYSSEY du complexe Kampung Admiralty, complexe pionnier qui a inspiré de nombreux pays dans leur approche pour un vieillissement actif et autonome (5).
Dans les deux exemples cités, la présence d'un centre de santé au coeur de la structure, facilement accessible, est notable. La dégradation de l'état de santé rapide est la première cause de fin du maintien à domicile. Dans ces deux cas, tout est fait pour prévenir plutôt que de guérir. Les résidents sont encouragés à se rendre régulièrement chez leur médecin et à suivre l'évolution de leurs conditions physiques. De même, ces pays dépassent un dilemme binaire entre maison de retraite et maintien à domicile. Ils prouvent que des modèles entre deux existent et servent l'épanouissement en sérénité des personnes âgées. A la fois elles conservent le confort propre au domicile, tout en évoluant dans un environnement sécurisé et adapté à leurs besoins et à leur mobilité. Similairement, ces deux exemples ont en commun le rôle actif des personnes âgées dans leur choix de vie. Avant de perdre leur autonomie et que les décisions soient prises par leurs proches, les futurs seniors anticipent un déclin prochain. En s'organisant en amont, ils s'assurent que leur avenir sera compatible avec une vie libre dans un environnement adapté.
Le centre de jour, présent dans de nombreux pays visités par l'équipe OLDYSSEY, est un autre modèle instructif favorisant le maintien à domicile des seniors. Là encore, le dilemme entre maison de retraite et maintien à domicile est dépassé. L'objectif de ces centres de jour est d'accueillir la journée les personnes âgées désireuses d'être entourées et accompagnées. La journée terminée, les seniors retournent chez eux. Des professionnels s'assurent du bon accueil des seniors. Des activités sont proposées pour stimuler leurs conditions physiques et leurs capacités cognitives. A Séoul, OLDYSSEY a visité le Jongno Center, un centre de jour exemplaire et innovant dans la prise en charge des personnes âgées. Là-bas, les seniors prennent entièrement part à la gouvernance du centre, participent à intégrer les nouveaux-venus, à l'élaboration des menus et au choix des activités. Tout est fait pour que les personnes âgées rendent à la communauté. De nombreuses activités de bénévolat sont mises en place, à destination des enfants notamment. La personne âgée alterne entre environnement adapté et retour chez soi. Ce changement régulier d'environnement la met en confiance, prolonge son autonomie, et permet indirectement de la maintenir chez elle.
Si la question de l'aménagement du domicile est constamment levée lorsque nous pensons au maintien à domicile, ces différents exemples prouvent que la qualité des interactions sociales est tout aussi importante. L'isolement social augmenterait de 32% les chances de faire un accident cérébro vasculaire (6), un manque de connexion sociale a un impact non-négligeable sur notre santé mentale et physique. La question de l'aménagement de la ville ou de l'environnement direct des personnes âgées est elle aussi souvent omise.
L'environnement direct extérieur - hors domicile particulier- a aussi un rôle fondamental à jouer pour s'assurer que les seniors restent des citoyens engagés, actifs et inclus dans la vie sociale. Certaines villes - dites age-friendly - sont déjà engagées activement dans ce processus pour assurer l'inclusion de leurs citoyens âgés (7). La possibilité d'une personne âgée d'évoluer dans son environnement direct est fondamentale pour lui permettre de rester autonome et indépendant. A Séoul, un label a été créé pour récompenser les commerces qui adaptent leurs services à leurs clients les plus âgés : porte-canne, distribution d'eau pour la prise de médicaments, installation de défibrillateurs, menus écrits en très gros caractères pour permettre aux seniors de les déchiffrer, ou encore accessibilité des toilettes.
En Argentine, OLDYSSEY a rencontré Rafael Kohanoff. Cet ingénieur de 94 ans est un passionné du sujet. Encore actif et engagé à son âge, il oeuvre principalement aujourd'hui à adapter Buenos Aires aux besoins des personnes à mobilité réduite. Président d'honneur d'un institut technologique important d'Argentine, il use de son influence pour faire évoluer les mentalités et encourager l’action en faveur d’une ville accessible. Grâce à son engagement, de nombreuses mesures ont été prises. Des bancs avec des accoudoirs adaptés par exemple ont été répartis dans toute la ville. Ces petits changement impactent positivement le quotidien des personnes âgées.
Quoi qu'il en soit, les aînés, pour être maintenus à domicile, ont besoin d'aidants formés, professionnels pour prendre soin d'eux. Au fil des pays visités, OLDYSSEY s'est aperçu que ce rôle peut être multiforme. Très facilement, il est possible de se transformer en aidant pour les personnes âgées de son quartier et s'assurer ainsi de leur autonomie et capacité à rester chez soi.
En Corée du Sud, par exemple, les Yogourt Ladies, littéralement "femmes-yaourts", sont omniprésentes. A l'aide de de leur frigo motorisé, les "Yoghurt Ladies" arpentent les métropoles coréennes pour vendre leurs boissons lactées à des prix dérisoires. Mais plus que de simple vendeuses, ces femmes ont un rôle fondamental dans la lutte contre l'isolement des personnes âgées. Chaque jour, leur itinéraire est rythmé par des visites à domiciles de personnes âgées, inscrites auprès d'un centre dédié. Ces personnes isolées reçoivent des visites quotidiennes durant lesquelles les Yoghurt Ladies s'assurent de leur bonne santé, discutent avec eux en plus de leur donner leur lot de yaourts gratuits pour la journée. Cette visite toute simple permet aux vieux sud-coréens de garder un lien avec l'extérieur. Les Yoghurt Ladies sont formées pour s'assurer que le senior est en sécurité seul chez lui et pour reconnaître les situations au contraire dangereuses pour la personne âgée isolée.
Au Danemark, ce sont de jeunes sportifs bénévoles qui viennent à domicile auprès de personnes âgées isolées. L'association "Cycling without age", autrement dit "Du vélo à tout âge", créé en 2012, incite des cyclistes bénévoles à rencontrer des personnes âgées chez eux pour les promener à bicyclette à l'aide d'un triporteur. Cette initiative permet de connecter les seniors à leur environnement. Plus de 50 pays ont reproduit le modèle et 1,7 millions de personnes ont bénéficié d'un trajet en bicyclette. D'après le fondateur du mouvement, Ole Kassow, le vélo est un moyen simple de déplacement qui donne instantanément un sentiment de liberté, il permet aux personnes âgées de participer de nouveau à la société. Les bénévoles, similairement au Yoghurt Ladies, s'assurent que les personnes âgées sont autonomes et encore en mesure de vivre seules chez elles. Ces interactions régulières avec le monde ainsi que ces partages intergénérationnels représentent un coup d’énergie inestimable pour les vieux. Cela participe grandement à perpétuer leur indépendance.
Le manque de liens sociaux a de graves conséquences sur la santé physique et mentale de tous. À l'inverse, aider les personnes âgées à sortir de la solitude a un impact positif sur leur bien-être et directement sur leur capacité à rester chez eux. Ces deux exemples évidemment ne remplacent pas la formation de professionnels pour prendre soin des personnes âgées. Toujours est-il qu'ils permettent de prendre conscience que le maintien à domicile est un engagement collectif, qui va bien au delà de l'aménagement du domicile de particulier.
SOURCES
(1) : Baromètre Santé et Société CSA – Europ Assistance 2013
(2) : Etude de l'EPAC : enquête permanente sur les accidents de la vie courante réalisée par l'institut de veille sanitaire 2016
(3) : https://demarrezlestravaux.fr/amenagement-salle-de-bain-personne-agee-pmr/
(4) : Pr Ngaire, spécialiste du vieillissement en NZ, retrouvez l'intégralité de l'interview ici
(5) : Vidéo Oldyssey : https://www.youtube.com/watch?v=zihaflBmJhI
(6) : Valtorta et al. 2016
(7) : Sujet appronfondie dans l'article sur Séoul et Singapour - https://www.ea-lateleassistance.com/magazine/societe/seoul-et-singapour-deux-villes-age-friendly
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